Habités par les impressionnistes

Habités par les impressionnistes

Saint Tropez, l'Estaque, la Bretagne, le Val-d'Oise ...

 

Carte de France impressionnistes

Saint Tropez

C’est tout l’héritage des impressionnistes que l’on retrouve dans ce petit village de pêcheurs, protégé du Mistral par les Maures. Colette dira que la route était si rude pour y parvenir, que l’on ne pouvait songer, ce paradis conquis, en échapper. Matisse, Manguin, Marquet, Signac, Cross, Duffy… découvraient dès la fin du XIXème siècle ces paysages saturés de lumière où les couleurs se bousculaient en belle sarabande. Des paysages peuplés de voiles s’amarraient à l’astre solaire révélant les infinies palettes de la Méditerranée. Depuis 1857 le train qui relie Paris à Marseille met à portée de pinceau cette presqu’île magique. A Saint-Tropez Matisse avoue sa frénésie créatrice : «Je ne songeais plus qu’à faire chanter mes couleurs sans tenir compte de toutes les règles et interdictions… entrer directement dans l’arabesque avec la couleur ». Après l’impressionnisme et le pointillisme viendra le temps du fauvisme. Une chapelle devenue Musée, l’Annonciade, permet d’en déguster la richesse de ces écoles buissonnières.

L’Estaque

La roche blanche et pelée du massif de La Nerthe enveloppe l’Estaque en un amphithéâtre minéral qui regarde la mer. Les impressionnistes y multiplièrent les séjours se nourrissant du paysage sans fin de la baie de Marseille, autant que des maisons de pêcheurs dessinant des venelles d’ombre. Soixante ans durant les tenants de l’impressionnisme, du fauvisme ou du cubisme s’y succèderont pour graver sur la toile ce village immobile où la lumière attise les teintes. Cézanne et Braque bien sûr, mais encore Derain, Dufy, Marquet, Renoir, et d’autres encore, seront de ce rendez-vous où la forme estompée ou esquissée le dispute aux couleurs qui s’entrechoquent, se magnifient et toujours triomphent. Les plus grands musées ont vue sur l’Estaque et la mer toujours recommencée.

La Bretagne

A l’Anglais Joseph Mallod William Turner la patrie des impressionnistes reconnaissante. On pourrait l’écrire au regard de ses œuvres qui annoncent en ce début du XIXème siècle la féconde production des artistes à venir. Ses couleurs floutées comme l’imprécision volontaire des formes préfigurent le mouvement à venir. Turner passa par la Bretagne dont il capta la lumière du ciel autant que le cristal de son eau (Port de Brest). En ce bout du monde viendraient donc les Corot, Boudin, Renoir et autres Berthe Morisot. Claude Monet y fera triompher son impressionnisme en se confrontant à la brutalité sauvage de ce pays de fin de monde. « Je suis dans un pays superbe de sauvagerie, confie-t-il à un ami, Gustave Caillebotte, un amoncellement de rochers terrible et une mer invraisemblable de couleurs ; enfin je suis très emballé quoique ayant bien du mal, car j’étais habitué à peindre la Manche et j’avais forcément ma routine, mais l’Océan, c’est tout autre chose ». Et puis, dans la période post-impressionniste, viendra l’école de Pont-Aven avec Paul Gaugin. La Bretagne était née à la peinture.

Le Val-d’Oise

De Pontoise à Auvers, ils furent nombreux à suivre Charles-François Daubigny. Le docteur Paul Gachet jouerait lui aussi un rôle décisif par l’amitié qu’il portait aux peintres et l’intérêt qu’il manifestait à faire collection de leurs œuvres. Les Daumier, Corot, Pissaro, Cézanne, Van Gogh avaient compris qu’il fallait sortir l’art de son emprisonnement académique. Fuir les ateliers pour affronter le réel. S’installer dans les paysages, au milieu de la vie, des mutations de ses saisons, du mouvement du ciel aux horizons multiples. Renoir, Monet, Sisley Manet étaient convaincus aussi que les éléments à commencer par l’eau bousculeraient leur approche. Daubigny choisit l’Oise plutôt que la Seine. Beaucoup suivirent. La peinture sur le motif s’imposait avec les maîtres qui regardaient enfin ce qui les entourait.

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