Si méconnu Alfred Sisley

Si méconnu Alfred Sisley


Si méconnu Alfred Sisley
Doit-il à son éducation anglaise d’avoir connu une si discrète renommée ? Alfred Sisley est sans doute des impressionnistes, celui dont on aura retenu le génie, sans avoir pris en compte toute la dimension de l’artiste. Né à Paris (1839), c’est sur la terre de ses ancêtres, à Londres, qu’il cultiva le goût pour les lettres et la peinture. De William Shakespeare à John Constable, en passant par Joseph Mallord William Turner, que l’on tient pour le précurseur de l’impressionnisme, Sisley va s’engager dans cette aventure qui le conduira de paysages en marines, sans oublier quelques villes ou villages de Paris à la Normandie.

Sans éclats outranciers, mais avec une passion pugnace, il construira son style auprès des Monet, Renoir ou Bazille (Atelier Glevre). C’est de Corot cependant dont il est le plus proche. Il a comme lui, cette âme apaisée et partage cette vision sereine, traduite par l’infinie douceur des coloris qu’il associe en une arithmétique intime autant que miraculeuse. Chez lui l’ombre est une nuance, la couleur un souffle doux, la lumière une évidence. Il a suivi les impressionnistes, plus qu’il ne les a précédés. Chacune de ses œuvres, comme l’âme chantée par Verlaine, est un « paysage choisi » (« La Seine à Argenteuil », « Le pont de Moret », « Louveciennes sous la neige »). Et sa démarche picturale n’en est pourtant que plus pure. Il se laissera un temps entraîné par Monet vers des fulgurances qu’il assume mal et qui le détournent de sa personnalité profonde et de l’art qu’elle engendre. La critique l’ignorera. Sa réserve comme sa timidité accentueront cet isolement. Son art s’impose malgré tout et le marchand d’art Paul Durand-Ruel, exposant deux de ses tableaux à Londres, accélèrera sa reconnaissance. Les Salons ne lui ont pas donné l’aura que son talent appelait. Le public corrigera ce que la critique n’avait pas su voir. Il disparaît (1899) à l’aube d’un nouveau siècle qui lui rendra justice.

Dans la même catégorie