Julian Tauland, l’art au présent

Julian Tauland, l’art au présent

Artiste dont l’oeuvre se situe au confluent de la peinture et des arts numériques, Julian Tauland assume également la présidence du Grap’s, un collectif d’artistes professionnels créé il y a deux ans, et grâce auquel la galerie municipale d’art contemporain d’Auvers a retrouvé des couleurs. Comme quoi, l’art ne se conjugue pas uniquement au passé dans le village, ni au singulier…

Pour beaucoup, les artistes contemporains sont des êtres solitaires, évoluant dans un empyrée inaccessible au commun des mortels. Un lieu commun d’autant plus tenace que l’art contemporain dans son ensemble est devenu au fil du temps l’apanage d’une minorité d’initiés réunis dans des cénacles restreints. Pour autant, vouer les créateurs d’aujourd’hui à l’exil, loin de la cité, est un peu radical. Surtout lorsque ceux-ci cherchent à s’en rapprocher. Comme Julian Tauland.

Artiste français d’origine albanaise, dont l’oeuvre se situe à mi-chemin de la peinture et des arts numériques, Julian possède pourtant le genre de CV qui vous éloigne du tout venant. Etudes aux Beaux-Arts, cursus à la Sorbonne en arts plastiques, esthétique et sciences de l’art, des amitiés avec de grands artistes plasticiens - comme Guillaume Corneille, le co-fondateur du mouvement CoBrA - : M. Tauland ne présente pas exactement le profil de l’associatif-type. C’est pourtant au sein d’une association - le Grap’s - que celui-ci s’épanouit quand les muses lui accordent un peu de répit.

Fondé il y a deux ans, ce collectif d’artistes n’est pas étranger au renouveau de la galerie municipale d’art contemporain d’Auvers-sur-Oise. Nichée à quelques pas de la Cité des artistes « Van Gogh », la galerie jouait en effet depuis quelques années les belles endormies, et ne voyait passer que de rares visiteurs. La faute à une programmation devenue avec le temps un peu trop sage et pas assez étoffée, après des débuts pourtant prometteurs au début des années 1990.

Le Grap’s ne ménage pas ses efforts

Conscient de la nécessité de revitaliser les lieux, Julian Tauland a décidé de remédier à la situation en 2015. « Au début, nous n’étions que trois à porter le projet, se remémore le président du Grap’s, mais notre ambition était claire : dynamiser la programmation du lieu, et lui redonner de l’élan. » Résultat : après deux années de travail - bénévole - le nombre d’expositions annuelles a doublé, passant de trois à six. « Aujourd’hui, il nous faut parfois refuser certaines demandes », regrette presque Julian.

Une programmation que sont depuis venus enrichir conférences d’artistes de haut niveau, visites guidées, ou encore petit-déjeuners thématiques. Passée de trois à seize membres, l’équipe du Grap’s ne ménage pas ses efforts pour maintenir le niveau de qualité qu’elle s’est fixée au début de l’aventure. « Nous prenons en charge les droits d’accrochage des artistes que nous recevons, ce qui est plutôt rare, souligne Julian. Par ailleurs, nous nous montrons très rigoureux dans notre processus de sélection en matière de programmation. »

Un sérieux que l’on perçoit dans l’organigramme de l’association - où voisinent artistes plasticiens professionnels, galeries, critiques d’art et directeurs d’institutions culturelles -, et conforme à ses ambitions. « Il y a une vraie demande du public, justifie Julian, et nous voulons nous montrer à la hauteur de ses attentes, en participant de la manière la plus ouverte possible à la diffusion de l’art contemporain. » Le cliché de l’artiste exilé intérieur n’a jamais paru aussi éculé…

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