La 23ème Marche, la littérature en altitude

La 23ème Marche, la littérature en altitude

La librairie "La 23ème Marche" n'est pas une librairie comme les autres. Petite visite guidée en compagnie de sa propriétaire, Geneviève Hu, d'un lieu de rencontre et d'échange, où littérature et arts plastiques cohabitent en bonne intelligence.

D'ordinaire, les librairies se signalent par de grandes vitrines offrant au regard des passants une multitude de couvertures de livres. A cet égard, la 23ème Marche présente un premier signe distinctif. Ici, point de vitre derrière laquelle les ouvrages s'alignent sagement. Pour y accéder, il faut emprunter une petite allée caillouteuse, pousser une porte discrète, et monter au premier étage.

Sa propriétaire, Geneviève Hu, s'en amuse. "Au début, je voulais ouvrir à Paris, se souvient-elle. Puis j'ai découvert ce lieu, et il m'a plu. C'est vrai qu'il est atypique. A l'époque, les gens pensaient d'ailleurs que j'allais au casse-pipe... Une librairie à l'étage, pensez donc !" Parquet au sol, beaux volumes, vue imprenable sur l'hôtel de ville : La 23ème Marche tient en effet davantage du bel appartement bourgeois que de la librairie conventionnelle. A ce détail près qu'ici, les mots règnent en maîtres, jusque dans les couloirs.

La littérature, Geneviève Hu l'a longtemps côtoyée quand elle était étudiante en histoire-géo à la Sorbonne. "Je dévalais le boulevard Saint-Michel et je fréquentais assidûment les librairies mythiques du quartier.", rembobine-t-elle. Rien d'étonnant dès lors à ce qu'après une première vie dans l'univers de la finance, l'ancienne directrice administrative se soit rapprochée de cet "amour de jeunesse", quand la lassitude s'est fait sentir. C'était en 2007. Les remords ne l'ont pas effleurée depuis.

"Après, je ne vous cache pas que la librairie, c'est difficile, reconnaît-elle. Néanmoins, je crois que les gens ont de plus en plus besoin d'authenticité, de vraies relations face à la déshumanisation virtuelle. D'ailleurs, même les lycéens disent préférer le livre papier." Une cliente, tout juste arrivée - mais attentive - ne se prive pas pour abonder dans le sens de la libraire, avant d'y aller de son compliment : "C'est une excellente libraire. Et adorable avec ça !" Quelques secondes suffisent à Geneviève pour lui donner raison, au style direct : "Ah tiens j'y pense : si t'as un livre à lire, c'est le Goncourt de cette année, "L'Ordre du Jour". Une merveille."

Un lieu qui a une âme

Quand elle évoque un livre qui lui plaît, notre libraire n'est pas du genre à s'embarrasser de descriptions sophistiquées ou de commentaires alambiqués. Le naturel et la passion s'occupent des présentations. Quant aux ouvrages qui n'emportent pas son adhésion, on les imagine sans peine balayés par son franc-parler.

Parler justement, Geneviève adore ça : "Le lien social, c'est fondamental. Or dans une librairie, on en tisse toute la journée. On discute, on échange, c'est formidable ! Surtout quand on a la chance de le faire dans un lieu qui a une âme." Une âme qui, dans le cas de La 23ème Marche, ne provient pas uniquement de la manière dont la littérature l'habite, mais aussi de la place que l'art y occupe.

"J'ai toujours voulu associer les livres et l'art. Leur complémentarité est évidente.", explique la maîtresse des lieux, pour justifier la présence des œuvres qui en recouvrent les murs. Tous les deux mois, une exposition en chasse ainsi une autre. Louis Tartarin a ainsi élu domicile dans la librairie. Un peintre pour lequel Geneviève a immédiatement eu un coup de cœur. "Mais il faut que les œuvres me plaisent, justifie-t-elle, je passe quand même deux mois avec elles ici !". Tandis que la libraire évoque l'inévitable vague à l'âme qui la saisit à chaque décrochage, deux femmes passent le pas de la porte : "On a un projet de café littéraire, et on aimerait vous en parler", esquisse l'une d'elle après un bref échange de politesses. "Vous voyez, le lien social, l'échange...", lance alors Geneviève dans un sourire.

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