Eloge du mouvement

Eloge du mouvement

Charles Baudelaire dans son sonnet Correspondances (Les Fleurs du mal, 1857) confie l’émoi qui fut aussi celui des impressionnistes confrontés à la nature, ses éléments, ses changements, ses mystères.

La Nature est un temple où de vivants piliers

Laissent parfois sortir de confuses paroles (…)
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

Courbet, Caillebotte, Pissarro, Renoir, Sisley, Van Gogh, Cézanne se frotteront à ces espaces infinis, avec souvent, comme finalité, de saisir l’impression fugitive d’un coup de vent, d’un reflet éphémère, d’un geste champêtre, d’une machine en marche.

Alfred Sisley (1839-1899) estompe ainsi le contour de ses nuages filant à l’horizon pour en reproduire la fluidité autant que la forme mouvante. Qui mieux que Gustave Caillebotte (1848-1894) pour décrire les encombrements des rues de Paris, le passage d’une calèche ou la course d’un passant ? Ou encore Van Gogh voyant s’engouffrer le vent dans une nuit étoilée et gravant sa turbulence par petites touches, autant de vagues tourbillonnantes d’un bleu électrique.

Les impressionnistes ont su, les premiers, capter les vibrations comme les variations multiples de la nature, des paysages, des perspectives. Parce qu’ils ont décidé d’aller peindre dehors et d’approcher au plus près les changements multiples des scènes et motifs qu’ils appréhendaient, loin des modèles emmurés des ateliers et des limites imposées des règles.

Ce mouvement incessant, beaucoup, à l’instar d’un Claude Monet ou d’un Paul Cézanne, le traduisent en produisant des séries à partir d’un même sujet. Ainsi en va-t-il des tableaux de meules de foin réalisés par Monet en Normandie ou encore de ses Nymphéas reproduites une cinquantaine de fois. Comme Cézanne remettant à chaque fois l’ouvrage sur le métier, à Auvers et ailleurs, pour peindre les villages.

Car les peintres de l’impressionnisme ont surtout perçu que la lumière dictait sa loi en modifiant sans cesse les sujets. Parfois même, comme pour Van Gogh, elle les envahissait et les entraînait dans ses métamorphoses. Imprévisibles.

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