Les Secrets du Château d'Auvers

Le Nymphée – XVIIe siècle

Dans l’antiquité grecque, le nymphée est un bassin recueillant l’eau d’une source sacrée et par extension le temple destiné à la protéger et à recevoir des offrandes. Ces lieux de culte étaient consacrés aux nymphes, divinités féminines de la nature, qui peuplaient les forêts, les montagnes, les sources et auxquelles on attribuait un pouvoir fertilisant et nourricier. A l‘époque romaine, le nymphée devient une fontaine publique monumentale ornée de sculptures et de fontaines. Il orne également les riches demeures patriciennes, comme on peut encore le voir à Pompéi.

Au XVIe siècle, en Italie, puis en France, la Renaissance redécouvre l’Antiquité. Parcs et jardins s’ornent de grottes artificielles et de salles fraîches décorées de statues et animées par des jeux d’eau. Cette tradition perdurera jusqu’au XVIIIe siècle, ainsi qu’en témoigne la Chaumière des coquillages du château de Rambouillet, édifiée en 1780.

Situé dans l’orangerie nord, le nymphée a été érigé au XVIIe siècle, à l’époque de Zanobi Lioni. Cette petite grotte artificielle est couverte d’une coupole. Trois niches en cul de four animent les parois, l’une d’elles a sans doute abrité une fontaine, ainsi qu’en témoigne un vaste réservoir découvert lors des travaux de restauration. 

 
Le riche décor de la coupole et des murs est réalisé à l’aide de coquillages – moules, ormeaux, strombes roses – de meulières, de galets et de petits éclats de verre. L’éclairage zénithal diffuse une lumière douce qui fait vibrer la nacre des coquillages, tout en préservant le côté mystérieux des lieux.

Les losanges qui décorent les panneaux portent en médaillons les initiales entrelacées du prince Louis Ferdinand de Bourbon-Conti, alors propriétaire des lieux, et à qui l’on doit vraisemblablement la restauration du petit édifice au XVIIIe siècle.

 

Les ornements de toiture

Fonctionnels et esthétiques, les ornements des toitures témoignent également d'une valeur symbolique forte. Ils protègent les charpentes, et, à travers eux, s'exprime l'identité des propriétaires. À l’origine, la fonction de l’épi de faîtage est de protéger une pièce de charpente. On le trouve le plus souvent au-dessus des lucarnes ou encore aux extrémités des toits. Il a aussi une fonction décorative ; aujourd’hui celle-ci est prédominante.
Un épi de faîtage est une pièce ornementale enfilée sur une tige métallique qui orne le sommet de la toiture et il s’élève à la jonction haute des angles saillants de la toiture afin de renforcer l'étanchéité de la toiture. Sa fonction était de protéger ce point, sensible à la pénétration d’eau.

L'origine des épis de faîtage est très lointaine. La toiture du Château d'Auvers est surmontée de six épis de faîtage ornés d'un pot-à-feu, dont deux sont prolongés par une girouette en forme de tête de dragon (en tôle de cuivre rouge) hissée sur une hampe en inox. Le motif du pot-à-feu est un ornement décoratif traditionnel, il représente un vase surmonté d'une flamme que l'on retrouve également à Vaux-le-Vicomte et à Versailles. Il est caractéristique des motifs de sculpture décorative de l'ornementation baroque (1600-1720). Quant aux deux épis de faîtage à l'effigie d'un dragon, il s'agit d'un motif assez courant dans l’art décoratif comme symbole de protection. Ici, cette tête de dragon à la gueule entrouverte est relativement stylisée. 

Il faut savoir que les éléments décoratifs qui se dressent sur l'actuelle couverture du Château d'Auvers ne sont pas d'origine et ne figurent pas sur les anciennes photos et cartes postales du Château d'Auvers antérieures à 1988 (hormis une girouette en forme d'escalier stylisé qui préexistait sur le toit du corps central). Leur restitution daterait de la restauration du site sous la direction de Pierre-André Lablaude, architecte en chef des Monuments historiques, et de Charles Maj, architecte des Bâtiments de France. Le chantier de restauration débuta en février 1989 et se découpa en quatre grandes étapes. La première phase consista en la restauration du clos et du couvert du château avec une restitution de la toiture telle qu'elle était au XVIIIe siècle, et le dégagement des pavillons près des ailes Est et Ouest. Ces éléments décoratifs de la toiture du Château d'Auvers auraient donc été vraisemblablement restitués à cette époque et font état de la toiture à l'époque où les d'Espréménil et les Prince de Conti furent propriétaires du Domaine au XVIIIe siècle.

Dessin, tête de dragon, girouette pour le couvert du Château d'Auvers, 1988Voir l'image en grand (c) ADVO-CDVO Dessin, tête de dragon, girouette pour le couvert du Château d'Auvers, 1988

Les orangeries

Le domaine du Château d'Auvers possède deux orangeries : l’orangerie nord qui abrite le nymphée, qui donne sur la cour d’honneur, et l’orangerie sud, située en contrebas, dans la partie méridionale du parc. Ces deux édifices furent construits au XVIIe siècle par le commanditaire du Château d'Auvers, Zanobi Lioni, et retrouvèrent leur faste d’antan vers 1992 lors de la 3ème phase du programme de restauration du Domaine dirigé par Pierre-André Lablaude, architecte en chef des Monuments historiques, et Charles Maj, architecte des Bâtiments de France.

L'orangerie sud a pour particularité d'être aménagée dans une construction destinée à supporter un pont en pierre, à arcade et à double volée d'escaliers droits, qui passe au-dessus de la rue de Léry. Ce pont en pierre permettait, dès l'origine, d'accéder à la partie basse du Domaine, appelée « le clos du château ». L'autre spécificité de cette orangerie est sa composition symétrique avec deux murs d'échiffre (mur au faîte rampant) et sa porte en plein cintre dotée d'une imposte en éventail surmontée d'un fronton surbaissé, au-dessus duquel on trouve une niche trilobée et une balustrade.

Comme son nom l’indique, une orangerie est un édifice qui a pour but premier d’abriter les orangers et autres agrumes, cultivés en caisse, qui craignent le gel. En France, ces plantes très prisées de par leurs couleurs, fragrances et saveurs évoquant l’exotisme des jardins mauresques ne peuvent pas être cultivées en pleine terre, à cause de l’importante amplitude des températures. Ainsi, dès le XVIIe siècle, les Français s’inspirèrent des limonaia italiennes pour cultiver les agrumes. A l’époque, on entreposait sous des arcades les spécimens les plus sensibles aux gelées. Progressivement, avec le développement de l’industrie de la verrerie, on obstrua les intervalles entre ces arcades avec de grandes baies vitrées.

Une orangerie construite dans les règles de l’art est toujours orientée au sud, ce qui est également le cas au Château d'Auvers avec les deux orangeries qui regardent en direction de la vallée de l'Oise. Cette disposition permet la conservation d’une température ambiante optimale tout au long de l’année. Ainsi, en hiver, lorsque le soleil est bas, il apporte à l’intérieur de l’orangerie sa lumière directe et sa chaleur, tandis qu’en été, lorsqu’il est haut, ses rayons ne viennent pas frapper directement sur les vitres.

 

L’orangerie connut un grand engouement en Europe jusqu’à la fin du XIXe siècle. À Auvers, son architecture est contemporaine de celle du Château de Versailles, construite par Jules Hardouin-Mansart, et qui pouvait accueillir jusqu’à 1 500 arbustes, dont des orangers et citronniers. Dans le Val-d’Oise, non loin à l’Isle-Adam, ce fut également le cas au château de Stors.

 

Aujourd'hui l'orangerie nord du Château d'Auvers abrite l'ancien nymphée qui a été restauré ainsi que des salles destinées à la restauration des groupes ou pour l'évènementiel. Quant à l'orangerie sud, elle accueille des expositions temporaires (Nils Udo en 2020 et Tony Soulié au printemps-été 2021).

Les anciennes carrières de pierre

Le sous-sol du Val-d’Oise contient en abondance des matériaux utiles, tels que :
• Le calcaire, employé comme pierre à bâtir ;
• Le gypse, qui permet la fabrication du plâtre ;
• La craie, utilisée pour la chaux, le ciment et le blanc de Meudon ;
• Le marno-calcaire, pour l'amendement des terres.

Historiquement ces matériaux ont été exploités pour partie à ciel ouvert, pour partie en souterrain. 118 communes sur les 185 que compte le département sont concernées par la présence de cavités sur leur territoire, dont celle d'Auvers-sur-Oise.

Construit à flanc de colline, le village d'Auvers-sur-Oise comptait de nombreux habitats troglodytiques. Leur développement fut lié à l'exploitation, jusqu'à la fin du XIXe siècle, de nombreuses carrières de pierre couvrant le territoire communal. Ces salles, souvent de taille assez importante, pouvaient servir à loger des familles entières d'ouvriers travaillant sur les chantiers.

Cette pierre calcaire, activement exploitée sur la commune, a également permis de construire de nombreux bâtiments dont l’église, la maison du Docteur Gachet et le Château d’Auvers.
La maison du Docteur Gachet, médecin et amateur d’art, installé à Auvers en 1872, et proche de Van Gogh, qu’il reçut, l'été 1890, présentait plusieurs carrières au fond de son jardin. L’une était utilisée comme remise et atelier, tandis que l’autre présentait une scène de théâtre où il avait coutume de recevoir des comédiens, poètes, artistes et peintres. Certains s'y produisirent. Le Docteur Gachet, amateur d'art éclairé, se constitua une importante collection d'œuvres d’art (gravures, dessins, peintures) et lors de la 2ème guerre mondiale, son fils Paul Gachet décida, afin d’échapper aux spoliations des nazis, de cacher certaines de ces précieuses toiles derrière des bouteilles dans une de ces carrières. Au lendemain de la guerre, ses enfants Marguerite et Paul firent d'importantes donations aux musées français, dont le fameux portrait du Docteur Gachet, aujourd’hui exposé au musée d'Orsay.

Le domaine du Château d'Auvers est situé sur une falaise de calcaire grossier du Lutétien. Cette falaise calcaire est représentée sur la gauche de la gravure d'Israël Sylvestre, à l’ouest du château, où on observe la figuration d’un front de roche surmonté d’arbres. Ce front rocheux évoque les parois calcaires en limite de la D928, anciennement chemin d’Auvers à Hérouville, actuellement nommée rue François Mitterrand. La carrière était vraisemblablement déjà existante, peut-être a-t-elle servi pour la construction du château.

Le Château d'Auvers a donc très vraisemblablement été construit avec la pierre calcaire extraite d'une parcelle du site.

En effet, une activité d’extraction de cette pierre était exercée dans l’emprise même du parc du Château d’Auvers, sur une parcelle identifiée séparément sur le cadastre napoléonien. La cour des communs et le canyon témoignent de cette ancienne activité de carrière du site qui est aussi évoquée dans le document de mise en vente du domaine de 1810.

Quant à l'actuelle butte qui se trouve au nord du domaine, elle a été réalisée durant la période de travaux de restauration (1990-1993) et correspond aux déblais qui ont été nécessaires afin de réaliser l’extension mi enterrée du nouveau bâtiment qui abrite l'accueil-billetterie, la boutique, les salles de séminaires et du parcours culturel et aux roches qui formaient les toits des galeries de la carrière qui ont été volontairement effondrés.

Les décors des dessus-de-porte

Le rez-de-chaussée du Château d'Auvers est traversé dans toute sa largeur par un couloir central qui permettait de se rendre de la cour d'honneur, au nord, jusqu'aux terrasses sud des jardins à la française (voir plan, ci-dessous). Ce couloir - que l'on peut également qualifier de vestibule car il servait de pièce ou de couloir d'entrée qui donnait accès aux autres pièces et à l'escalier central du bâtiment - est toujours décoré par une corniche et à ses quatre extrémités de dessus-de-porte ornées en gypserie (décoration d'intérieur moulée et sculptée en gypse). Ces décors en bas-relief de la seconde moitié du XVIIIème siècle sont caractéristiques du style Louis XVI. Ils ont été datés autour de 1750-1800 par le service du pré-inventaire qui a listé en 1988 le mobilier et les décors existants du Château d'Auvers avant qu'ils ne soient restaurés par Pierre-André Lablaude, architecte en chef des Monuments historiques, et Charles Maj, architecte des Bâtiments de France. Chacun de ces panneaux mesure 130 cm de long x 76 cm de haut. Ils représentent des scènes de la mythologie gréco-romaine, comme on pouvait en trouver dans les riches intérieurs de l'époque néoclassique (milieu du XVIIIème siècle).

1 "L'Enlèvement des Sabines"

Le sujet, tiré de Plutarque (Vie de Romulus) représente l'un des épisodes fondateurs et mythiques de la Rome antique. La ville vient d'être fondée par Romulus. Désireux d'assurer leur descendance pour la prospérité de leur jeune patrie, mais manquant de femmes, les Romains projettent un enlèvement collectif. Ils invitent à dessein les Sabins à une fête lors de laquelle ils s'emparent des femmes et mettent en fuite les hommes. Trois ans plus tard, les Sabins attaquent Rome pour se venger. Le conflit est évité par les femmes qui s'interposent entre leurs frères et leurs maris. La paix fut ainsi conclue entre les deux peuples. C'est la scène d'enlèvement qui est ici représentée, le moment où les Romains s'emparèrent des Sabines, afin de les prendre pour épouses. Le sculpteur met l'accent sur la panique et sur la confrontation entre les hommes et les femmes.

Le thème de l'enlèvement connaît un vif succès depuis le XVIe siècle. Il permet de fusionner un corps féminin et un corps masculin, mais aussi de présenter des expressions diverses telles que les effets de foule et de panique. C'est ainsi un thème riche en possibilités plastiques pour les artistes.

Les autres représentations du sujet de "L'Enlèvement des Sabines" dans l'histoire de l'art

Nicolas Poussin, "L'Enlèvement des Sabines", vers 1637 – 1638

Jacques-Louis David, "Les Sabines", 1799

2 "Le Triomphe de Vénus"

Le bas-relief de ce dessus-de-porte met en scène le triomphe de Vénus, laquelle, assise en un char, est conduite par un amour ailé, pendant qu’à terre joue un de ses compagnons, près des roues, célébrant la saison joyeuse et propice aux amours.

Les autres représentations du sujet du "Triomphe de Vénus" dans l'histoire de l'art

François Bouchet, "Le Triomphe de Vénus", 1740

 Nicolas Poussin, "Le Triomphe de Flore", 1627-1628

3 "L'Enlèvement des filles de Leucippe"

Ce panneau illustre une scène tirée de la mythologie grecque, où les jumeaux Castor et Pollux enlèvent Hilaeira et Phoebe, les filles de Leucippe.

Ce récit mythique fut raconté par les poètes Théocrite (vers l’an 300 av. J.-C.) et Ovide (43 av. J.-C. – 18 ap. J.-C.). L’enlèvement des filles du roi Leucippe d’Argos par les frères jumeaux Castor et Pollux (Polydeuces), connus sous le nom de Dioscures, correspond comme toutes les scènes d'enlèvement dans les mythes classiques à l'idée du viol. Selon la légende, ces jumeaux auraient la même mère, Leda, mais des pères différents : Castor était le fils terrestre de Tyndareus, roi de Sparte, tandis que Pollux était le fils divin de Zeus, qui séduisit Léda sous l’apparence d’un cygne. Les frères voulaient épouser Hilaeira et Phoebe – les filles de Leucippe – également connues sous le nom de Leucippides. Malheureusement, elles étaient déjà fiancées aux frères jumeaux Lyncée et Idas de Thèbes, fils du frère de Tyndare, Apharée. Donc, pour faire respecter leur volonté, Castor et Pollux emmenèrent les deux femmes à Sparte, où elles furent dûment mariées, et toutes deux donnèrent naissance à des fils : Phoebe porta Mnesileos à Pollux ; Hilaeira a porté Anogon à Castor.

À gauche, le dompteur de chevaux Castor, identifié par son armure et son cheval dont les que les rênes sont tenus par un chérubin, saisit Hilaeira qui se débat; à droite, le boxeur Pollux, reconnaissable à sa poitrine nue et à sa monture indisciplinée, se bat avec Phoebe.

Les autres représentations du sujet "L'Enlèvement des filles de Leucippe" dans l'histoire de l'art

Rubens, " L'Enlèvement des filles de Leucippe", vers 1618

Cercle de Claude Deruet (1588 – 1660), "L'Enlèvement des filles de Leucippe", non daté

4 "Silène ivre"

Le bas-relief de ce dessus-de-porte met en scène la déchéance des dieux par le vin, la chute ou l’avachissement de Bacchus ivre et vieillissant, ou encore Silène molesté, avili dans l’ivresse et exhalant son chant.

Il s’agit de la sixième églogue de Virgile, qui raconte comment Silène (en bas à gauche), surpris ivre et endormi sur un tonneau de vin par deux bergers et par la nymphe Églé, fut lié et barbouillé de jus de mûres.

Les autres représentations du sujet "Silène ivre" dans l'histoire de l'art

 

 

 

 

 

José de Ribera, "Silène ivre" (1626), musée Capodimonte, Naples

 Van Dyck, "Silène ivre soutenu par un faune et une bacchante" (vers 1620), National Gallery, Londres

La cage d'escalier

Le château, le parc et les jardins du Domaine de Léry, dits « Château d’Auvers » à Auvers-sur-Oise sont inscrits à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.

Sont inscrits par un 1er arrêté de 1988 puis un 2nd de 1997, les éléments suivants : les façades et toitures du château, le vestibule d'entrée et la cage d'escalier avec son escalier et sa rampe ainsi que l'ensemble du parc.

La cage d'escalier du Château d'Auvers est fort bien conservée et recèle de nombreux détails historiques et architecturaux qui font le charme et l'authenticité de cet espace préservé.

La rampe d'escalier

Dans l'ouvrage d'Henri Mataigne "Histoire de la paroisse et de la commune d'Auvers-sur-Oise" (1906), ce dernier indique qu'il a trouvé aux archives notariales un acte faisant mention des améliorations apportées par le propriétaire Jean de Leyrit à sa propriété le 30 septembre 1670.

Il y fait mention d'un "marché avec un serrurier de l'Isle-Adam pour la fourniture d'une rampe d'escalier avec balustrade en fer, semblable à celle qui existait au dortoir de l'abbaye du Val" (Mériel).

Cette rampe en fer forgé du XVIIème siècle borde l'escalier tournant qui est composé d'une seule volée. Il s'agit d'une rampe en fer forgé plat constituée de 15 panneaux (4 sur le palier du 1er étage + 5 + 3 + 3 dans le sens descendant). Son décor symétrique est composé de volutes et de graines sortant de feuilles étampées.

Les dessus de porte du haut de la cage d'escalier

Le haut de la cage d'escalier est orné d'une corniche et de deux panneaux en gypse qui se dressent au-dessus des portes. Chacun de ces panneaux en relief oblongs - appelés également tondo ou cocarde - mesure 101 cm de large x 124 cm de haut. Ils représentent des scènes de la mythologie gréco-romaine, comme on pouvait en trouver dans les riches intérieurs de l'époque néoclassique.

 "Hercule et le lion de Némée" (médaillon de gauche) et "Hercule combattant Antée" (médaillon de droite)

Le panneau de gauche en montant représente le thème des Travaux d'Hercule pour le compte du roi Eurysthée, et plus particulièrement le sujet du combat au corps à corps entre Hercule et le lion de Némée.

Le peintre Pierre-Paul Rubens avait lui aussi représenté ce sujet d'Hercule et le lion de Némée :

 

Quant au panneau de droite en montant, il représente "Hercule combattant Antée". 

Le vase Médicis

Au bas de l'escalier, sur la gauche, se trouve une niche qui abrite un vase Médicis. Celui-ci mesure 1m70 de haut. A l'origine, le vase dit "Médicis" est un cratère en cloche en marbre néo-attique du Ier siècle avant J.-C. Il doit son nom à la famille Médicis (XVIe siècle) qui possédait un tel vase antique. Il est aujourd'hui exposé à la Galerie des Offices de Florence. Dès la Renaissance, le retour au jour de plusieurs grands vases antiques impulsa une mode décorative qui conquit toute l'Europe et constitua une sorte de canon classique dont le vase Borghèse et le vase Médicis sont les meilleurs modèles. Au XVIIe siècle, tous les jardins des palais européens s'ornèrent de copies plus ou moins fidèles de ces grands vases. Cette mode gagna jusqu'au Château de Versailles et au Château d'Auvers.

Vase Médicis : vase festonné, à décors de guirlandes de fleurs sur un fût de colonne cannelé

Le pavement

Le haut et le bas de cette cage d'escalier sont couverts d'un pavement dit "carrelages à bouchons" constitué de carreaux octogonaux en pierre blanche et de petits carreaux carrés en pierre noire de style Louis XIV que l’on retrouve çà et là dans le château. Il marquait à l'époque la modernité des intérieurs classiques du XVIIIe siècle.

Le cadran solaire

Sur la façade sud du Château d'Auvers, en son centre, se trouve un cadran solaire mural.

Un cadran solaire est un instrument silencieux et immobile qui indique le temps solaire par le déplacement de l'ombre d'un objet (le style) de forme variable, sur une surface (la table du cadran), associé à un ensemble de graduations tracées sur cette surface, ici incisées à même le mur.

Le cadran solaire du Château d'Auvers est vertical, c'est-à-dire que sa table est verticale. Celle-ci est plane.

Le style (tige faisant ombre sur la table d'un cadran solaire) du cadran solaire du Château d'Auvers est une aiguille martelée vraisemblablement en plomb ornée d'une fleur de lys. Cette aiguille est parallèle à l’axe de la Terre et le cadran est orienté de manière que le style se trouve dans le plan du méridien local. La ligne de midi, toujours verticale, matérialise donc ce méridien local. Dans le cas du cadran du Château d'Auvers, le plan du cadran fait face au sud, le cadran est donc dit méridional ou non déclinant.

Sur la partie supérieure du cadran est gravée, à même la paroi, l'inscription suivante :

NULLA FLUA[T] CUJUS NON MEMINISSE VELIS (Qu’aucune (heure) ne s’écoule que tu ne veuilles te souvenir). Il s'agit d'une expression latine que l'on peut retrouver communément sur des cadrans solaires car elle est en relation avec la question du temps qui passe.

Ce cadran solaire n'est certainement pas d'origine et ne figurait pas sur les anciennes photos et cartes postales du Château d'Auvers antérieures à 1988. La restitution du cadran solaire daterait de la restauration du site et plus particulièrement de la restauration de la façade sud du château que l'on situe entre 1989 et 1990, sous la direction de Pierre-André Lablaude, architecte en chef des Monuments historiques, et de Charles Maj, architecte des Bâtiments de France.

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