Van Gogh-Gauguin : l’impossible amitié

Van Gogh-Gauguin : l’impossible amitié

Et Paul Gauguin finit par répondre à l’invitation de son ami Vincent van Gogh. Il a 40 ans lorsqu’il accepte enfin de rejoindre Arles où l’attend celui qui lui voue une admiration démesurée. Deux mois en cet automne 1888, marqués par la confrontation tragique de deux génies à la facture proche, mais aux caractères si éloignés.

Van Gogh vénère Gauguin, qui ne lui manifeste qu’une sympathie distante. Paul Gauguin a besoin du frère de Vincent, Théo, marchand d’art renommé qui lui prodigue l’aide dont il a besoin, pour survivre avec sa famille, son épouse Mette et ses trois enfants.

Gauguin respecte Vincent – « C’est un homme remarquable d’intelligence » écrira-t-il à Théo – mais il prend l’artiste de haut. Pire, il le trouble, voire l’humilie. « Gauguin malgré lui et malgré moi m’a une peu démontré qu’il était temps que je varie un peu, je commence à composer de tête et pour cela, confie-t-il à son frère, toutes mes études me seront toujours utiles ». En ce séjour arlésien funeste, Gauguin n’a réussi en fait qu’une chose : déstabiliser durablement celui qui lui vouait un culte irraisonné. Ils travaillent pourtant ensemble pendant ces deux mois où Gauguin profite de l’hospitalité turbulente de son ami Van Gogh. L’allée des Allyscamps, interprétée par l’un et l’autre, montre à quel point ils sont proches et éloignés à la fois. « Vendanges à Arles » laissera perplexe Van Gogh. Gauguin y peint des Bretonnes portant coiffes, dans les vignes arlésiennes. Pont Aven lui manque et il n’aime pas cette ville balayée par le Mistral. Van Gogh écrit « Je crois moi que Gauguin s’était un peu découragé de la bonne ville d’Arles, de la petite maison jaune où nous travaillions, et surtout de moi ». Pourtant Gauguin l’encourage au point de jurer à Vincent que son tournesol – «Ca, c’est, la fleur » – vaut bien mieux que celui de Monet. Mais parce que le maître de Pont Aven le pousse à travailler « en pleine imagination », Van Gogh en oublie ces couleurs vibrantes, où il avait atteint l’excellence, et qui l’avaient fait, contrairement à ce que prétendra plus tard Gauguin. Il est contraint à affronter son imaginaire et s’y perd. Viendra la terrible nuit du 23 décembre. Pendant laquelle Van Gogh se mutile, et qui précipitera la rupture entre les deux peintres. Gauguin n’avait pas compris ce « pauvre garçon » tourmenté par la « haute note jaune ».

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