Daubigny a créé un véritable foyer artistique à Auvers

Daubigny a créé un véritable foyer artistique à Auvers

A l’occasion du bicentenaire de la naissance de Charles-François Daubigny, Auvers-sur-Oise a décidé de rendre hommage à ce précurseur de l’impressionnisme, au travers d’une série d’événements qui ont jalonné la saison culturelle de la ville. Le musée Daubigny a accueilli une exposition mettant en regard son oeuvre, et celle des nombreux peintres qu’il a côtoyés et inspirés. Agnès Saulnier, attachée de conservation du musée, nous explique pourquoi il était essentiel de lever le voile sur cet aspect de la vie de l’artiste.

Le deuxième volet de l’exposition consacrée à Daubigny a mis l’accent sur le réseau d’amitiés tissé par l’artiste tout au long de sa vie. Pour quelle raison ?

Lors de la précédente exposition, nous voulions présenter l’artiste, son parcours, ainsi que l’évolution de son oeuvre. En créant cette première scénographie, nous nous sommes rendus compte qu’il n’était pas possible de comprendre le parcours de Daubigny sans mettre davantage en lumière sa personnalité et son entourage.

Quel genre d’homme était Daubigny ?

C’était justement quelqu’un de très chaleureux, de très fédérateur. Partout où il a séjourné - c’était un amoureux du voyage - il a fréquenté d’autres artistes avec lesquels il s’est lié d’amitié. Certaines de ces relations ont d’ailleurs été très fortes, comme avec Corot et Courbet, qu’il a rencontrés à Paris, ou encore Dupré et Rousseau, qu’il a fréquentés à Barbizon.

Auvers-sur-Oise a d’ailleurs servi de point de ralliement pour certains d’entre eux…

Quand Daubigny s’est installé à Auvers, il a en effet créé un véritable foyer artistique autour de lui. Corot, Léonide Bourges, Camille Delpy… La liste des peintres qui ont goûté à l’affabilité de l’artiste est longue. L’ambiance était d’ailleurs très festive, ce qui ne les empêchait pas de travailler énormément ensemble, notamment à bord du Botin, le bateau-atelier de l’artiste.

Quel effet la mise en regard de ces œuvres produit-elle, en dehors de la compréhension du parcours de Daubigny qu’elle engendre ?

Le fait de réunir un échantillon de la production artistique de tous ces artistes offre un très beau panorama de la peinture de paysage au XIXe siècle. Par ailleurs, cela permet également d’observer les relations que tous ces artistes entretenaient les uns avec les autres, en dehors de la figure de Daubigny.

De quel ordre étaient-ils ?

De rapports de collaboration pour commencer. Certains d’entre eux peignaient ainsi « à quatre mains », comme le montre l’oeuvre signée « Diaz » que nous exposons. Elle a en fait été réalisée par Diaz et Courbet : l’arrière-plan est une marine qui porte très nettement l’empreinte de Courbet, alors que l’avant-plan porte celle de Diaz.

Les liens qui unissaient ces artistes dépassaient également le cadre de la peinture…

Il pouvait en effet s’agir de vrais relations de solidarité, comme l’illustre l’exemple du peintre Auguste Anastasi, que nous présentons dans l’exposition. Cet artiste est devenu aveugle à l’âge de 50 ans, et il lui était devenu impossible de travailler. Dès que ses amis Corot, Rousseau et Dupré l’ont appris, ils ont organisé une grande vente d’œuvres pour faire en sorte qu’il puisse subvenir à ses besoins.

L’exposition recèle-t-elle une autre particularité ?

Nous avons décidé de réserver une salle au travail d’un artiste contemporain, en l’occurrence Luc Cromheecke. C’est un dessinateur de bande-dessinée belge, qui a consacré un ouvrage à Daubigny l’année dernière. Ce qui est intéressant avec Cromheecke, c’est qu’il est peintre paysagiste, comme Daubigny. On peut noter de véritables similitudes entre sa production et celle de Daubigny. L’humour de ses planches de BD fait ainsi écho à celui des estampes du Voyage en bateau. On sourit d’ailleurs de la même manière devant les unes et les autres, alors que 150 ans les séparent.

https://museedaubigny.com/exposition-en-cours/

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